Photos A.R.N
Immersions
hivernales
Massif du Vercors/ / AURA /Mai 2021
Durée: 4 jours
Corps participatif
/ Aventures perceptives / Paysages / in situ / maintenant
Bivouac est un stage, un laboratoire, une expédition artistique. Il utilise un corpus d'expériences perceptives, poétiques ou chorégraphiques pour jouer à observer nos relations (extra)quotidiennes au paysage vivant.
BIVOUAC #6
Ce sixième Vivouac# -placé sous le signe des seins de glaces- est superminiproduction de l'AAA. Avec dans les rôles principaux: Johanna Flechaire , Vanina Charpenay , Maelle D. , Stéphanie Pradines, Anne de la Lande. Dans les coulisses : Hervé Chauvet ainsi qu'Adeline Charlat et leurs accueils lors des repérages, les conseils avisés d' Emmanuel Crepeau( AMM du Vercors), le soutient logistique de Paulo Grobel (Guide de la Grave) et le sauvetage véhiculé de Silvère. Le tout fomenté par Laurent Chanel. Avec la participation exceptionnelle du Massif du Vercors.
Lignes fluides, roches cinétiques et cinquante nuances de blancs. Ce bivouac#6, aux reflets hivernaux, invoquait tous les états aqueux. Brumes, grêles, pluies et neiges n’ont pas stoppés l’inexorable pousse des végétaux printanniers. Pousser, bourgeonner, fleurir en cheminant. Une expédition pour se perdre dans le paysage, aux bords du monde avant de redescendre en vallée, gorgés de multiples densités de fluidités, plus vivants.
Cosmologie Vertacomicorienne
la carte n’est pas le territoire et vice versa
monochromie minérale
Pré-repérage épique et glacial
Tautochrome
Multiples teintes de blancs qui déréalisent l’espace
Infleurir
Ghost Rhizome
sillonner
turbidité alpine
forme de vie RVB
nots ancêtres pré-préhistoriques
Tentatives d’hybridations végétales. Se relier à la plante et à ses ballets morphiques, de la peau à la pousse. En profiter pour éclabousser de couleurs l’hiver environnant.
Floraison irraisonnée
Crocus Humanus
Morphe Florale
Être Fleur Bleue
vagues matières
la roche cinétique est une vague en slow motion.
Rêves RVB
se transparencer
les épaisseurs du paysage
Habiter l'atmosphère
immersion floconneuse
Se jeter un sort de glace.
invoquer le paysage comme une puissance. L’éprouver jusqu’à la métamorphose.
Lignes Sauvages
Nymphes Alpines
Kaleidoscope Popote
Ensauvagements
Les Pierres étaient des Magmas Mous
Rbi-Bri-Irb-Bir-Rib-Ibr
Collection Chanel Moutaineering
BivouacLand
Brumer le monde
Draper le paysage
Au bord du monde
peinture optique panoramique
Loup vertacomicorien
arbre mousse
Une de nos multiples rencontres, humide, fluide et givrée
Anne De La Lande
Une existence blanche
Croiser une existence blanche. Une parmi tant d'autres. Sentir comme ça pèse, une si grosse goutte en équilibre au bord d'un des pétales, sentir comme c'est précaire, que ça pourrait basculer et...quoi alors? Comprendre qu'elle le tient à bout de bras ce volume d'eau si grand pour elle et qu'en même temps, elle lui laisse une place qui la fait légèrement dévier de son axe sans pour autant qu'elle en courbe la tête. Voir toute la force qui ressort de cet équilibre si fragile, et le vent qui la secoue, et la grêle qui veut la hacher menue avec son pistolet à billes, et elle qui tient malgré tout, droite et lestée de cette balle d'eau, comme si c'était devenu un morceau d'elle.
Vanina Charpenay
Butiner son tégument
Des lignes ondulantes élancées dans le paysage plissent avec force ma matière charnelle mouillée ,la force de se revêtement émoussée et diaphane s’ épaissie encore plus intensément. Structure vibrante ,mes membres éparpillées se baignent maintenant dans des eaux saumâtres ,je moule, je fond, je modèle ma trace et laisse une empreinte vive, allongée dans la courbe linéaire de cet aplat spongieux. Écrasée sur le sol, avec une extrême discrétion, j’observe l’intimité de l’immobilité jaillissante d’un bourgeon naissant, ces cotylédons et la tigelle se former. Son tégument se mélange au mien. La corolle se déploie fine, fragile, légère, toucher le soleil, humer et goûter à son humidité, à sa chaleur, à sa grandeur. La neige recouvre tout, presque tout ,seul un petit cercle couvert de terre autour d’elle la rend visible. Je m’étire dans toute la vallée, Je bourgeonne, m’extirpe, on me butine, on hume mes fragrances. Je finis par me teindre avec des pigments de safran. Une ligne ramassée, serpentine, figée, épaisse, verticale, élancée, alignée, écorchée, profonde, traverse la montagne . La courbe directionnelle m’obsède et me porte jusqu’au sapin fougère ,allongée sur son feuillage ,je transporte des pierres, je plie et déplie la surface qui m’entoure sans jamais m’arrêter. Devant moi, une branche d’if s’extirpe, s’étend pour atteindre la pente enneigée ,bifurque se spirale puis retrouve sa place initiale. La fluidité des pierres qui composent la montagne me surprend :solide, massive. Marquer par le temps , ce magma poreux- creux dévoile ses secrets. Liquéfie par le ruissellement déversant des eaux de la montagne ,des lignes simples se constituent sur ces reliefs informes laissant apparaître des fissures, des veines, des artères qui se multiplient à l’infini : ligne figée et profonde. Chemin faisant, je rejoins le point le plus lointain sans jamais ni ralentir ni me retourner
Johanna Flechaire
Dans la peau d’une fleur
Je suis fleur. Je suis crocus. Mon bulbe s’ancre profondément dans le sol, parfait complexe argilo-humique nécessaire à ma nutrition. Comme la lune a repris sa croissance, je suis toute occupée à étirer mon bourgeon vers le ciel. Ça tire, ça vrille, ça s’oriente inexorablement en spirale, seconde après seconde. Je suis l’ammonite fleur, une nano fraction de seconde à l’échelle des roches alentours formées depuis des millions d’années. Mon attention entière est tournée vers ma croissance, nourrissant ses vaisseaux verts, de rayons solaires. La force de mon ancrage au sol combinée à l’emmagasinement de la lumière font naître en moi la jouissance d’exister. Une chaleur interne bouillonne joyeusement car tout mon être est tourné vers un seul objectif : préserver au chaud mes organes sexuels en construction pour pouvoir au momentum déployer ma corolle et les offrir à la frénésie des polllinisateurs volatiles indispensables à la perpétration de mon espèce. A l’échelle humaine je suis lenteur, je suis chaleur interne, à l’échelle végétale je suis 10 ou 15 minutes. Je suis un végétal animal qui finit son cycle annuel au sol comme les phases de l’embryon humain. Le vécu est profond, l’image s’imprime, transmission reliant intérieur avec extérieur et inversement.
Johanna Flechaire