Photos A.A.A
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Une série de laboratoires in situ dans le massif du Pilat.
Danser le milieu.
Nous relier aux reliefs. Dans la continuation de la série des Bivouacs#, laboratoires artistiques immersifs d'itinérance, je vous propose ici un temps - sans les joies et les contraintes du bivouac - dans des territoires proches de Saint-Étienne.
Danser le milieu c'est se livrer à une étude poétique du milieu. Nous y hybrider aux matières, aux étendues, aux atmosphères et aux reliefs rencontrés. Danser le milieu c'est explorer dans une danse, intérieure et physique, les puissances et les singularités des vivants qui nous entourent. Danser le milieu c'est tenter de duper le biotope, Danser le milieu c'est éprouver physiquement les météorologies. Danser le milieu pour jouer avec les qualités tactiles et vertigineuses des reliefs. Danser le milieu c'est cultiver l'art de l'attention aux paysages.
Je vous invite ici à un corps atmosphérique. Un corps métamorphe relié aux puissances et aux phénomènes qui nous environnent.
Comment adopter le point de vue des éléments? Comment inventer des fictions perceptives, fondées sur les propriétés physiques du milieu qui nous accueille et nous englobe ? Comment accueillir sur scène les mondes de paysages, de territoires, de végétaux, de minéraux et de phénomènes météorologiques ?
Reliefs 1 > décembre 2022
Se mixer
Respirer l'atmosphère
Danses d'orientations
Géométries alpines
Manger le monde
Reliefs 2 > 14 Janvier 2023
Vestiges végétaux
Labyrinthe botanique
Écorcé
Moussante
Implantations
S'engéologer
Figure de proue
Intramorphismes
Nous nous regardons
Nos alentours
Extramorphismes
Incolorations
Atterrir
Pop-humus
Extases naturalistes
Laisser crépiter les feux
Brûler
Valérie Thilinguirian
La peau vient se coller aux parois verticales, intimidantes et presque austères de ce réceptacle géant. Des gouttes perlent de ces murs froids, glissent sur mes mains et mes bras, dessinent des troncs dans ma chair. Je suis la continuité de ce spectacle qui peut tout contenir, tout accueillir. Je deviens sien, je deviens terre, je m’accroche à ses roches qui me soutiennent, sans quoi tout disparaît. Ma vue se floute, l’horizon est vague, je me dissous dans mon intérieur. Le cri se mêle au sang, ruisselant comme de la lave dans la cavité brûlante de ses entrailles, mon corps saigne. Il sort de ma peau une sueur tintée de rouge ardent, je fume…mon corps brûle paisiblement de l’intérieur, presque discrètement…si ce n’est ces traces colorées laissées derrière moi à chaque pas qui fait trembler la terre décharnée de ce lieu sans oxygène.
Mon corps brûlant s’allonge sur ses rochers en dévers. Je penche, mon cri penche, dilué dans ce liquide devenu verdâtre de peur, celle blottie dans les arcades volumineuses de mon thorax tremblant.
Jeanne Goutelle
En avançant, comme la sève monte dans les branchages, l’énergie se rassemble, la lumière descendante absorbe le peu de bruit alentour laissant les mystères gagnés les lieux. Le goulet promet une surprise, une ouverture. Les pierres s’arrondissent sous les pieds. L’énergie des corps dispersés est perceptible. Confus, chacun porte la fatigue de la journée et comme une dernière danse, le creux rassemble. Le mouvement bout à l’intérieur, l’extérieur recule devant l’expression. Le final est discret, il se niche dans les creux, dans l’interstice entre la pierre et la mousse. Le corps cherche refuge, il hésite, il teste puis trouve appui, s’accoude, se pose. La vitalité contenue s’exprime en mouvements lents et enveloppants. La pierre n’accueille pas, elle impose son relief, sa forme, ses angles. Malgré la mousse offrant son matelas, les os en cherchant le confort rencontrent l’abrupte et les arrêtes.
Il était une fois l’histoire d’un corps parti pour une nuit de transe. Avec sa fatigue il composa et abdiqua à la surface d’un rocher.
Cédric Sabatier
L’éclat vif de ce vert, de ces exp ansions vertes coulant sur la roche, reflet de douceur d’encre, le patient amoncellement des nuages, suivi du bref instant ou l’air humide se leva. Vestiges végétaux d’une désarmante sécheresse, massifs, arbustes, entourés ça et là d’abrupts et massifs corps monolithiques, sévèrement expressifs, squelettes d’antiques géants, os énormes empilés à la diable, ou parfois distinctement séparés, comme si la singularité de chaque corps de pierre mettait chaque forme dans un équilibre parfait: celui de l’attraction tellurique, dans lequel est entraîné chaque cube de pierre, et la pointe incisive en direction de la masse opaque, promesse d’eau bienfaisante sur ces végétations craquante sous les pas, ou éraflant le dépôt arrondi; Piques, grifures, pierre d’accueil, ouverture vers tous les possibles, celui du feu régénérateur parfois chien, parfois loup, mais toujours dissipant l’aventure onirique vers l’humide soirée d’hiver. Corps régénéré, images en fuite, sensations éparses rythmées par le retour des sons urbains.